IL ÉTAIT UNE FOIS... Tout commence en pleine après midi d'été. En juillet. Le 2 juillet, plus précisément. Et oui, j'ai eu la chance de naitre un jour où le soleil était haut dans le ciel d'un bleu parfait. Pas mal, non? Enfin bref, ce n'était pas prévue. Ma conception elle même n'était pas prévue d'ailleurs. Ma mère était âgée de 19 ans, et avais rencontré mon père 1 ans auparavant, lors de vacances sur l'île Maurice. De belles vacances, me rappelle-t-elle souvent. Mon père était lui aussi en vacance sur l'île. Il venait voir sa famille, car il a des origines de là-bas. Tout de suite, ce fut le coup de foudre. Hasard, miracle, ou destin, tous deux habitaient dans la même ville. Bref, le résultat est que dès 6mois de vie commune, ma mère tomba enceinte. Mon père étant quelqu'un de très sérieux et responsable, il l'épousa tout de suite. Happy end, pourrait-on dire. Sauf que contrairement aux contes de fées, leur histoire et la mienne ne c'est pas finit si joyeusement.En effet, malgré le fait que tout commençait parfaitement bien, tout ne se finit pas aussi bien. Mais nous n'y sommes pas encore. D'abord, parlons un peu de mes huit premières années. Magnifiques, j'avoue. J'étais vraiment gâtée, par mes parents, mais aussi par tous les autres membres de ma famille. Vêtements, jouets, chaussures, livres, j'ai connus plus de cadeaux que n'importe quel enfant normal, et pourtant, je ne vivais pas dans une famille très argentée. Mon père continuait ses études de journalisme, et ma mère additionnait le plus de petits jobs possibles. Mais bon, je ne m'en plains pas! Très vite, ma mère m'enseigna à la vie d'une fille, d'une vraie. Elle m'emmenait souvent faire les boutiques avec elle, essayer pleins de vêtements et de chaussures, et elle m'a très vite appris à me maquiller. Je jouais à la poupée, et il était hors de question que quiconque m'offre des petites voitures. Pour elle, une fille n'était pas un garçon, et il fallait que ça ce voit. D'ailleurs, elle m'achetait régulièrement des magasines féminins, de mode, que nous épluchions ensemble.J'aimais ma mère. Je l'aimais énormément, malgré le fait qu'elle soit un peu hystérique concernant mes loisirs. C'est pourquoi, lorsqu'elle nous a quitté un matin d'automne, j'ai été anéantie. Nous rentrions toutes les deux d'une de nos "sorties entre filles", avec deux gros sacs de vêtements. Sur une petite route amenant directement devant notre appartement, elle n'aperçus pas tout de suite le camion qui faisait marche arrière dans l'une des avenues de gauche. Il faut dire que nous étions toutes les deux absorbées dans une chanson à l'eau de rose, celles qui vous font systématiquement pleurer si vous avez connus une rupture dans votre vie. Elle n'avait pas sa ceinture, et traversa le pare-brise. Pendant un moment, je ne compris pas ce qu'il s'était passé. Puis je compris que j'avais été sauvée par le siège avant. Pendant les jours, les semaines, les mois qui ont suivit, je n'ai plus prononcé un mot. Plus jamais je n'ai mis les pieds dans une voiture sans avoir le coeur qui battait aussi fort qu'une bombe qui explose. Pendant les nuits qui ont suivis, je ne faisait que des cauchemars. Le même, toujours le même.Je me réfugiais dans mes découpages de tenues que je trouvais dans les magasines, et dans la photographie. Il m'arrivait de rester plusieurs heures à ma fenêtre, prenant 50 photos du même arbres, du même oiseau, du même couple qui se bécotait sur un banc. Toujours sans prononcer un mot, j'accompagnais mon père dans l'épreuve difficile qu'il traversait, dans la vie du travail qu'il venait d'acquérir. Mais j'avais du mal, et il le voyait. Ce n'est qu'à mes 10 ans que le "sortilège" se leva. Pour ça, je remercie mon père tellement infiniment. C'était un magnifique samedi soir, l'air était frais, le soleil commençait à baisser. Il m'emmena voir un défilé. Mon premier défilé. Je pris 1 000 clichés, les yeux pétillants, un sourire refusant de s'effacer de mon visage. Dès ce jour, je devins une pipelette impossible à faire taire.Maintenant, j'ai 17 ans. Je suis quelqu'un de très ouvert sur le monde, avide de découvrir pleins de nouvelles choses. J'ai toujours peur des voitures, mais je m'en fiche. J'ai trouvé ma voie, et j'en suis fière.